Le moment terroriste de la chouannerie : des atteintes à l’ordre public aux attentats contre le Premier consul
La Révolution française Cahiers de l’Institut d’histoire de la Révolution française. 1/12
En mettant fin aux opérations militaires, la pacification de l’hiver 1800 disqualifie par le fait même en actes de brigandage les violences commises par les chouans insoumis. Lecture sommaire et tendancieuse sans doute mais qui a été avalisée par la configuration historiographique : les spécialistes de la police napoléonienne prennent alors le relais des historiens de la guerre civile. Un tel compartimentage, redoublé par la scission opérée entre Paris et l’Ouest, altère la compréhension de la chouannerie en créant un hiatus dans ses modes d’action. C’est en effet masquer une continuité réelle entre les attentats contre Bonaparte et l’usage délibéré de la terreur dans les départements de l’Ouest par des bandes s’employant à déstabiliser l’ordre républicain et à saboter le processus de réconciliation au moyen d’assassinats publics et d’enlèvements spectaculaires lors des périodes dites d’entre-chouannage ou de chouannerie à volonté. Mettre en évidence cette stratégie d’intimidation éclaire d’un jour nouveau l’affaire de la Machine infernale, rue Nicaise le 3 Nivôse an 9, et la conspiration de l’an 12 : pour s’en convaincre, il n’est qu’à envisager l’itinéraire de leurs auteurs, qui sauront toutefois emprunter in fine le mode opératoire projeté par les jacobins.
By ending the military operations, the pacification of the winter 1800 disqualifies in acts of robbery the violence committed by the rebellious Chouans. Not doubt it is a ummary and biased reading but it was endorsed by the historiographical configuration: specialists of the Napoleonic police relaying historians of the civil war. Such a compartmentalization, doubled by the split operated between Paris and the West, alters the understanding of the revolt of the Chouans by creating a hiatus in its modes of action. It is indeed to mask a real continuity between attempts against Bonaparte and the deliberated use of terror in the western departments intending to destabilize the republican order and to sabotage the process of reconciliation by means of public murders and spectacular kidnappings during the so-called periods of “chouannerie à volonté”