Jansénisme et libéralisme Regards de Jean-Louis Rondeau sur l’Empire et la Restauration
Valérie Guittienne-Murger
Jean-Louis Rondeau, ancien oratorien, secrétaire de l’abbé Grégoire, a rédigé un journal dans la tradition des Nouvelles ecclésiastiques. Ce manuscrit inédit renouvelle l’historiographie et offre une relecture janséniste et gallicane du Concordat de 1801. Ardent partisan de la politique religieuse de Napoléon, Rondeau bascule dans l’opposition sous la Restauration. C’est alors que se cristallise la légende républicaine de Port-Royal et que se nouent les liens entre jansénisme et libéralisme. Le rôle des polémiques jansénistes dans le long processus de sécularisation est mis en lumière.
Ce témoignage inscrit l’histoire du jansénisme dans la dynamique religieuse, culturelle et politique de l’Europe catholique post-révolutionnaire. Partout, Rondeau scrute les deux fronts qui opposent les partisans intransigeants de la papauté, alliés aux anti-révolutionnaires, et les néo-gallicans, alliés à des libéraux qui soutiennent, comme certains souverains, l’idée d’Églises nationales. Il offre ainsi une lecture janséniste qui replace au centre des interrogations politiques de ce premier xixe siècle, le religieux et la foi. Cette lecture repose sur une définition partisane centrée sur l’antiromanisme et le gallicanisme.